Ernest Leroux, 1912. — 270 p. — (Délégation en Perse).
Le volume qu'aujourd'hui nous offrons au public savant est, par le sujet dont il traite, l'un
des plus intéressants, des plus passionnants même, qu'archéologue puisse jamais écrire. Il décrit
l'enfance de notre propre civilisation, il montre les premiers efforts de ces hommes ignorés pendant
des milliers d'années, auxquels nous devons d'être sortis de la barbarie des temps géologiques.
Il est probable que plus anciens documents sur les origines de notre culture n'ont encore
vu le jour.
Sous une butte perdue dans la steppe susienne, recouverts par trente mètres de poussières
lentement accumulées par la naissance, la vie et la mort de cités successives, reposaient, dans
l'oubli, des ossements usés par les siècles. Bien des millénaires s'étaient écoulés depuis le jour
où des mains pieuses les avaient déposés sur les falaises, au sortir des murs de leur bourgade,
près des rives du fleuve, entourés des objets familiers de leur vie.
De grandes villes se sont élevées sur leur dernier asile, le sol de leur repos a retenti tour à
tour des hymnes de triomphe des vainqueurs et des cris de détresse des vaincus, les villes se sont
abimées dans les flammes et la poussière. Leurs dieux, leurs coutumes, leurs usages, leur langue
et jusqu'à leur nom se sont évanouis dans l'ombre de l'oubli. Aucune trace de leurs pas, de leurs
efforts pour vivre, pour progresser, n'était demeurée dans la pensée des vivants, et si la tradition
conservait sur les tells de Suse quelques légendes, ces souvenirs s'éteignaient des milliers d'années
après les temps où des tribus nomades, voyageant avec leurs troupeaux et leurs biens, étaient
venues se fixer sur ces collines encore vierges où plus tard devait s'élever la fière capitale des
souverains de l'Élam.